Nobody got my back ♦ Free

Il y a ceux que l'on observe, et ceux que l'on guette. Rarement invisibles, rarement inaperçus. Les rues, même sombres, ne sont sûres pour personne. Cette ville. Notre refuge. Notre prison. Son cœur bat à l'unisson des nôtres. Chacun de nous. Êtres supérieur. Êtres de lumière ou d'ombre. Peu importait notre choix, nous servions tous le même commanditaire : nous-même. Il n'y a pas de différence quelque soit l'alignement. Certains usaient de l'ombre pour de bonnes actions, d'autres usaient de la lumière pour justifier leurs mauvaises actions. Il n'y avait réellement de manichéisme à Elyas. Point d'anges, point de démons. Seulement des personnes nuancées et torturées. Certains s'inventaient des problèmes, des drames pour briser l'ennuis. D'autres étaient les acteurs de ces drames et brisaient des vies sans en avoir rien à faire. Il en valait pour preuve ma famille. Ainsi massacrée. Je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi eux. Mais j'étais en vie, et cela devait déranger quelqu'un. De cela, je n'eus jamais le moindre doute. Alors je restais sur mes gardes, gardes qu'assurait également Daemon. J'ai toujours détesté qu'il vienne à me chaperonner, surveillé mes arrières. Même si cela avait été utile à de nombreuses reprises, même si cela m'avait sauvé la vie, ça n'était pas suffisant pour que je l'accepte et fasse avec. Alors comme moi, il restait dans l'ombre. Je ne le voyais pas, ne le sentais pas, et pourtant j'avais perpétuellement l'impression qu'il m'observait. Comme j'observais la sortie de ce bar. Un endroit qui paraît net et sans malice mais qui se révélait être un temple pour les lumières cherchant la dépravation. Il y avait de l'alcool, des substances hallucinogènes, des jeux, de l'argent. La parfaite mixture qui amenait même les plus pieux à finir par se battre et se détester. Se laisser emplir de rage et de colère.

Il n'y avait pas de bien ou de mal en ce bas monde. Seulement des âmes errantes qui tentent de se trouver un but, une raison. Des personnes cherchant à ressentir, à expérimenter, à vivre. Je guettais cette sortie de bar pour y trouver quelques jeunes âmes hésitantes, encore peu assurées de ce qu'elles sont, de ce qu'elles souhaitent devenir. Remplir nos rangs était une nécessité. Non pas pour préparer une quelconque guerre, mais pour permettre à ces âmes de savoir faire face aux difficultés, de les former pour qu'elles soient fortes et exploitent au maximum leur potentiel en faisant fi de cette pseudo Morale que la lumière tente de leur inculquer. On a beau dire, de la lumière et de l'ombre, il n'y en avait finalement pas un pour rattraper l'autre. À défaut de pouvoir alors changer les choses, changer le monde, autant choisir la voie qui permettait le plus de liberté, le moins de contraintes et une parfaite acceptation de soi. Tout le mal que j'ai pu faire trouvait grâce à mes yeux et à ceux de Scar. C'est tout ce qui importait. La justice est une arme perverse qui ne sert jamais les intérêts des bonnes personnes. Alors autant avoir chacun notre sens de ce qui est juste et que personne ne vienne nous entraver. Les yeux rivés sur ce bar, dissimulée dans l'ombre d'une ruelle, je restais concentrée sur ce que je voyais mais aussi sur ce que je pensais. Ce qui m'empêcha d'être en alerte face à ce qui pouvait m'arriver, ou m'interpeller...