Nathaniel Crowbrand
Je m'impose en tant que
Nathaniel Crowbrand. Mon nom de famille laisse prétendre que je suis de classe
pauvre et je ne le nierai pas. Après tout, ce dernier me suit depuis
vingt-deux années. Sachez que je suis
célibataire, mais que cela ne m'empêche pas d'
être photographe. J'appartiens à la famille
Whitestone.
Car la maladresse est ce qui donne du charme à son être
Un voyageur, un aventurier c’était ce qu’était Nathaniel. Il était cet homme qui ne pouvait pas rester assis sur une chaise à regarder le paysage qu’on voulait bien lui dévoiler. Sa
curiosité le poussait à savoir, à découvrir. Il voulait tout connaître sur le bout des doigts, il voulait savoir tout faire. Il voulait, oui, il voulait. Mais quand on est
rêveur, la plupart des choses, malheureusement, ne reste que de simples rêves. Mais ça ne lui a pas empêché de devenir de lui même un excellent
observateur ; celui qui remarquait l’écureuil grignotant sa noisette posé sur sa branche couverte de quelques feuilles branlantes et bourgeons florissants, celui qui remarquait le petit poisson caché derrière une petite algue à travers l’eau ruisselante et transparente, celui qui admirait le beau sourire sur le visage de la voisine, sûrement car elle avait quelqu’un de merveilleux dans sa vie. C’était ça aussi qui définissait Nathaniel. Il était
compréhensif, oui, il lui fallait que peu de choses pour réussir à comprendre quelqu’un d’après lui. Le problème, c’est qu’il fallait réussir à capter son attention. On n'y pouvait rien, Nathaniel, à trop aimer observer, devenait un homme
inattentif. Car à trop aimer voir le monde, il oubliait de garder les yeux sur l'essentiel. Heureusement, quand on le rappelle à l’ordre, il réagit rapidement étant naturellement
vif d’esprit. Mais, cette qualité donne lieu à un défaut assez important, qui est sa nervosité. On ne comprendra pas vraiment pourquoi il est
nerveux comme ça, mais Nathaniel a toujours été quelqu’un avec un peu plus de tension que tout le monde, toujours sur le quai vif, il s’emporte rapidement et stress régulièrement pour pas grand chose. Ce défaut expliquait sûrement pourquoi il était quelqu’un d’aussi
spontané. Cependant, qui signifie spontanéité, signifie imprévoyance et si il y avait bien une chose qu’était le roux c’était bien
imprévoyant : Il faisait tout sur un coup de tête et ne prenait aucune précaution ! C’était bien dommage car quand on est quelqu’un d’aussi
bricoleur et
ingénieux que Nathaniel, on se retrouvait bien souvent dans le rouge à ne pas faire un peu plus attention à ce que l’on fait.
Maladroit. Voilà son principal défaut. Et c’était bien quelque chose qu’on lui reprochait souvent, mais que pouvait-il bien y faire ? Tout en lui faisait de lui un être dont la maladresse est devenu un symbole de reconnaissance. Et si sa
générosité rattrapait un peu cet affreux défaut qui lui collait à la peau et le suivait dans le temps, sa
sincérité était quelque chose d’aussi agréable que de frustrant. Car Nathaniel était quelqu’un de bien trop
émotif pour pouvoir réussir à mentir, alors il disait très souvent la vérité. Mais quand il ferait sans doute bien de se taire et que sa maladresse se combine avec des paroles sincères, on avait vite envie de le jeter dans le plus profond des trous. Surtout que Nathaniel est quand même d’un naturel
bavard, et malgré le stresse, il n’est pas quelqu’un de timide. Cependant, si il est confronté à quelqu’un d'intimidant, il ne faut pas compter sur lui pour lui faire face. Nathaniel est un véritable
lâche -
rusé en plus de ça- qui préfère bien souvent fuir les problèmes, et parfois même sans donner de raison. Le roux était un
faiblard qui suivant la personne et le sujet de conversation pouvait être quelqu’un d’
influençable.
Et bien que pour la plupart des gens, Nathaniel passe pour un être
ridicule, voir même
médiocre. Il reste quelqu’un de
bien luné qui même s’il se laisse rapidement abattre, se relève aussitôt -ce qui dans le fond lui donne un air un peu
lunatique-. Mais comment avancer dans la vie, quand on est quelqu’un de
nostalgique ? Comment être heureux quand notre regard est penché vers le passé ? Peut-être car Nathaniel avait plus de courage qu’il le laissait prétendre. Fallait-il que quelqu’un lui montre qu’il pouvait enfin avoir confiance en lui car Nathaniel n’est sûrement pas aussi médiocre que les autres le pensent.
Journal de bord abandonné
1 Avril 2004
Je m’appelle Nathaniel, j’ai 9 ans aujourd’hui. Ma maman m’a offert ce qu’elle appelle un journal intime, mais je préfère penser que c’est un journal de bord. Car un jour, je serais un grand aventurier ! Ma maman ne veut pas pour le moment que je m’aventure, en fait, elle ne veut même pas que je sorte de la maison sans elle. J’aimerais bien sortir et pouvoir jouer avec les autres enfants, mais les seuls moments où je sors c’est quand ma mère quitte la maison pour se rendre à la boutique. Sur le trajet, elle regarde toujours partout, marchant parfois trop vite pour moi. Et elle serre ma main très fort dans la sienne. Elle a peur. Je le sais, mais quand je lui demande si ça va elle me regarde et me sourit en me répondant toujours positivement. Ma mère, elle ne sait pas mentir mais je ne dis rien, j’ai pas envie de la blesser. Ma maman, je l’aime beaucoup, mais elle a toujours l’air triste, toujours l’air apeurée. Elle baisse les yeux quand quelqu’un la regarde. Moi aussi ça m’arrive de le faire, mais seulement après avoir fait une bêtise ! Je me demande si ma maman a fait une bêtise elle aussi...
8 Avril 2004
Aujourd’hui j’étais à la boutique avec ma maman. La boutique, c’est l’endroit où elle travaille avec un homme assez âgé qui s’appelle Harl. Il est très gentil avec moi, c’est d’ailleurs le seul avec ma maman. Quand on est tous les trois, j’ai l’impression que tout va bien, que ma mère n’est plus triste. Mais, quand un client rentre, tout le monde redevient sérieux. Et moi, je dois me tenir à carreau sinon ma mère risquerait de ne pas être contente. Surtout qu’il m’arrive souvent de casser quelque chose dans la boutique.. Bien sûr, ma maman se met toujours à me fâcher dans ces moments là. Mais, pas comme une mère devrait le faire.. Ma mère, elle, semblait fatigué. Comme si elle n’avait pas la force de lever la voix. Ça me rendait mal pour elle. Et c’est juste à cause de ça que j’essayais de faire un peu plus attention à ce que je faisais. Je ne veux pas gêner ma maman.
25 Avril 2004
Quand je suis à la boutique, je regarde souvent par la fenêtre. En fait, je trouve qu'assis sur ma chaise à regarder à travers la vitre, je dérange moins que si je me tiens derrière le comptoir ou dans l’arrière boutique. Mais, l’envie de me rendre dehors et de courir est de plus en plus forte. J’ai envie de faire comme tout les autres enfants et je ne comprend pas pourquoi ma mère ne veut pas. Harl m’a dit une fois qu’elle voulait juste me protéger. Mais, je suis plus un bébé… Je n’ai plus besoin d’être protégé. Non ?
9 Mai 2004
Harl m’a raconté une histoire. L’histoire d’une femme et d’un homme qui s’aimaient beaucoup mais personne n’acceptait que les deux s’aiment car ils faisaient partie de familles opposées. Mais ma mère est intervenue quand Harl me racontait la fin de l’histoire. Je crois que je n’ai jamais vu ma mère autant en colère contre quelqu’un. Elle a hurlé sur Harl car il me racontait une histoire qui me plaisait en plus de ça. Je trouve ça beau de savoir que même les pires personnes ont malgré tout un bon fond. Ma maman ne semblait pas d’accord. Et elle m’a fâché. Pas comme elle le fait normalement. Et si Harl n’avait pas été là, je crois qu’elle m’aurait frappé.. Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite, j’ai juste préféré quitter la pièce. Je ne pensais pas avoir un jour peur de ma mère.
14 juin 2008
Ça faisait longtemps, n’est-ce pas ? Plus de 4 ans, déjà. Je ne pensais pas pouvoir remettre la main sur ce journal un jour. Le temps passe vite maintenant que je revois ce que j’avais écrit… Mais, je me dis surtout que le plus impressionnant, c’est de savoir à quel point peu de choses ont changé en 4 ans. Je veux dire, je suis toujours à la boutique ou chez moi, ma mère ne me lâche pas d’une seconde. Si, tout ce qui a changé c’est que maintenant, Harl a des rides sur le front et que bientôt, ses cheveux ne seront plus qu’un souvenir. Bon, dit comme ça c’est pas forcément agréable mais, Harl vieillit et on y peut rien. Quant à ma mère, sa peau ternit et les racines de ses cheveux deviennent de plus en plus blanches. Mais, si un jour les choses venaient à changer, alors il est certains que tôt ou tard, ça sera écrit ici.
30 Septembre 2010
Ça y est ! Il a fallu que j’attende d’avoir 15 ans et que ma mère se trouve quelqu’un pour avoir le droit de sortir ! A vrai dire, ma mère ne le sait pas. Quand elle sort avec son compagnon, qui se nomme Edward, c’est Harl qui me garde. Mais Harl a fini par me donner le droit de sortir ! Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux. Bref, pas le temps d’écrire, je file dehors avant que le soleil ne tombe et que ma mère revienne ! Et puis, ce serait bête qu’Harl change d’avis entre temps aussi.
7 Octobre 2010
C’est assez impressionnant d’être seul dans un espace aussi large. En peu de jours, j’ai vu tellement de choses, mais, j’ai l’impression de ne pas en avoir vu assez. J’ai besoin de m’enfoncer encore un peu plus dans la forêt, j’ai besoin de plonger un peu plus profondément dans l’eau, explorer avec plus d’attention les grottes.
21 Octobre 2010
J’ai rencontré une personne aujourd’hui au coin d’une rue. Je ne sais pas trop qui de nous deux avait le plus peur de l’autre, mais au final, j’ai fini par m’approcher d’elle. Je n’aurais jamais pensé que je pourrais autant apprécier quelqu’un en si peu de temps. On a passé la journée ensemble, et j’ai bien envie de retourner la voir demain.
16 Février 2012
J’ai compris. J’ai enfin compris pourquoi ma mère avait si peur quand elle marchait dans la rue. J’ai compris pourquoi ma mère ne voulait plus me laisser sortir. Bordel, j’aurais préféré ne jamais comprendre. Les Blackmorgans.. Non, il n’y a pas de bons fonds dans ses êtres. Comment ils pourraient en avoir ? Tout ce qu’ils savent faire c’est détruire des vies.. Ma maman…
20 Mars 2013
Je n’arrive pas à m’en remettre. J’ai bientôt 18 ans, je serais un adulte bientôt mais j’ai besoin d’elle. J’ai besoin qu’elle revienne. J’ai besoin de sentir encore une fois ma main dans la sienne. Je fais au mieux, vraiment, mais tout me rappelle elle, la femme qu’elle était. Certes, elle avait des défauts mais elle restait une mère aimante… Elle restait ma mère. Et je m’en voudrais presque de lui avoir désobéi…
Harl me dit souvent que ce n’est pas ma faute et que je n’ai pas à m’en vouloir, mais il ne sait pas que c’est moi qui est fréquenté un membre des Blackmorgans, il ne sait pas que c’est cette même personne qui a fait venir volontairement ou non le meurtrier de ma mère. Et puis, j’aurais dû être là.. J’aurais dû être là quand elle a été attaqué.
Je ne peux plus garder ce journal, juste l’avoir sur moi me rappelle à quel point elle était importante pour moi. Si jamais toi, lecteur, tu le retrouves. Je te laisse le droit de le brûler. Moi, je n’en ai pas eu le courage.
Le grand retour de enilix.
Nathaniel est mon second compte, si vous voulez voir le premier cliqué
ici. Sinon, j'espère que ce nouveau personnage saura vous combler autant que le premier.