Qu'est-ce qu'on ne donnerait pas pour l'étrangler avec sa cravate..

        « Allez, Billy, concentre-toi. Une dernière fois. Ce choix, ce placement, est-il vraiment opportun ?»

      Quelque chose clochait. Le p'tit allait pas bien – le père non plus. Tous deux étaient livides, l'un parce qu'il était rongé par l'ignorance, l'autre parce qu'il savait. La maison était endormie, maman avait été invitée chez une de ses connaissances, les domestiques étaient attelés à la préparation du souper, et Edward découchait.

      « Billy ?»

      La gorge de l'homme était sèche - il déglutissait avec difficulté, son regard anxieux tentant de percer le silence qui habitait son fils. Il aurait dû s'en douter - cette suggestion, cette idée que lui avait murmurée ce salopard.. Comment avait-il pu.. ? Jamais - ô non, jamais il n'aurait dû se laisser embobiner par cet hypocrite, ce simulacre : il n'était après tout pas des leurs, c'était un sang-mêlé, un opportuniste, un Dirarys..-

      « Ca va aller, papa. Je vous ai vus, toi et maman, chez Oncle Randy.. Elle avait un joli collier, avec une grosse pierre rouge, et toi, un de ces costumes pour les grandes occasions.. »

      L'enfant venait enfin de parler - mettant fin au supplice de ce père qu'il ne supportait pas de décevoir. A ses pieds étaient répandus les restes de la poudre violette qu'il fallait utiliser, inhaler doucement - pas trop vite pour ne pas éternuer, à chaque fois qu'une incertitude brisait la sérénité familiale.

      Billy sentait les choses venir. Il avait des intuitions - des pressentiments qu'on pouvait quantifier en lui administrant quelques grammes de cette curieuse résine pour qu'ils deviennent visions. Ce pouvoir, ce don, lui venait, semble-t-il, de sa grand-mère, une exubérante enchanteresse qui avait en son temps guidé bien des âmes en peine.

     « Un collier rouge, hein ? Peut-être un rubis.., l'homme sourit et, ébouriffant les cheveux de sa progéniture, se baissa pour épousseter les restes de poussière prune. Merci Billy. »

     L'enfant eut un maigre sourire. Il ne pipa mot sur le voile sombre enveloppant le visage de sa mère, sur la pénible étreinte de sa main enserrant la sienne, et sur le corbillard. Il aurait été cruel de lui apprendre qu'à défaut de perdre fortune, il allait être dépossédé d'un fils.


Je jetai un regard courroucé sur la silhouette me faisant face. Ses larmes, le pli terrible de ses lèvres et le sentiment de désespoir, la trahissant, dans ses yeux, m'irritaient plus qu'ils ne m'émouvaient réellement.

     « Tu as besoin d'être guidée, c'est ça ? »

Ses ongles devaient acérer sa paume - ils étaient d'une longueur ridicule.

     « Tu ne sais pas si tu as fait le bon choix ? »

Elle avait donc bel-et-bien besoin d'être rassurée. Assurée de n'avoir aucun regret par la suite. Schéma classique. Que leur fallait-il pour comprendre que la vie ne valait pas la peine d'être vécue sans une once d'instabilité ?

     « J'ai compris, j'imagine que c'est bien le moins que je puisse faire. »

Mon regard coula sur la bague ornant mon index droit tandis que je la laissai déblatérer ses habituelles platitudes. C'était une belle améthyste : une fausse. Exposée à quelques centaines de degrés, elle fonderait en poudre.

     Et réflexion faite, je n'étais guère sûr de vouloir me priver d'une ou de deux bonnes heures de sommeil pour en concocter une autre.

     Je lui adressai un petit sourire digne de ma condition de Whitestone et débutai la séance. J'avais rejoint la lumière pour deux raisons : la première étant le souhait d'honorer ma famille - la seconde résultait plus de circonstances naturelles. Le don de clairvoyance, comme son nom l'indique, aurait été difficilement conciliable avec les ténèbres.

     Si on m'avait dit, pourtant, que je me retrouverai à jouer les Irma pour des écervelées de ce genre...-

     Elle m'envoya un regard éclairé, lumineux, lorsque j'eus fini le présage. Je l'entendis me murmurer, minaudant, un remerciement - tch. et je remarquai alors qu'elle s'était pincée jusqu'au sang.

     « Tu saignes. Viens, on doit avoir du désinfectant dans l'arrière-boutique. »

     Je pris soin de garder cet air placide tandis que je la menai à destination ; elle continuait de me fixer d'un oeil brillant :

          Idiote, quand bien même je connaîtrais ton futur, qu'est-ce qui te pousse à croire que je ne mentirai pas ?

j'ne suis qu'une clampine, gauchère et pas très dégourdie de surcroît + j'ai joué un peu sur plusieurs plateformes, mais ça ne fait pas de moi une vraie habituée  + je ne serai pas fréquemment connectée, faut dire que je choisis bien mon année.. + je connais la créa' depuis (bien trop) longtemps, et je trouve le forum fort sympathique + salut, j'essaye de vendre des docs sur leboncoin