Let's Dance | ft.Gabriel Mesvell

« Alors ne m'abandonne plus comme ça. »

Et son coeur s’arrêta de battre, là, le sourd au oreilles, comme si la musique n’était qu’un vaste son lointain. Son regard vert ancré dans les yeux bleu de Gabriel. Il osait à peine respirer, sans savoir si c’était l’alcool qui le rendait ainsi ou si c’était bien les quelques mots que venaient de prononcer Gabriel. Il n’arrivait pas à calmer son coeur quand il se remit à battre, affoler par des mots qui lui avait fait tant plaisir que ça en avait chambouler son petit monde dans sa tête. C’était fort, Gabriel, car ce sourire sur les lèvres du plus jeune il valait de l’or. Et bien plus encore, car c’était important, et qu’il l’avait compris.  « Oui, bien sûr. », a-t-il dit en riant doucement.
Non. C’est ce qu’il aurait pu dire mais il n’avait pas entendu. Rien. Il avait juste vu les lèvres de Gabriel mouver sans qui ne décèle ses paroles. Ce n’était pas seulement des mots que Nathaniel n’avait pas entendu, c’était bien plus beau, fort, important. Comme la cadence de ses battements de coeur, comme respirer, et tout comme la présence de Gabriel pouvait le rendre bien plus brave, ses mots étaient bien plus que ce qu’il en avait l’air. La présence qui le prend dans ses bras, une bouche qui l’embrasse et une chaleur qui le réchauffe dans sa solitude le soir. C’était bien plus que des mots Gabriel, car c’était révéler à Nath que quelqu’un pouvait parfois l’attendre, quand lui pensait passer les portes de sa chambre sans pouvoir savoir que quelqu’un se trouverait de l’autre côté possiblement un jour, dans l’attente qu’on lui ouvre. C’était plus qu’une révélation, c’était un cri du coeur qui se murmurait à l’oreille d’une seule personne, dans les instants les plus importants d’une vie. C’était plus qu’un cri du coeur, Gabriel, c’était une déclaration d’amour, une demande en mariage, que jamais il ne parte, et que pour toujours ils se tiennent la main. Et Nathaniel, si il avait entendu, il lui aurait donné la chance, la fortune, le bonheur. Il lui aurait tout donné jusqu’à qu’il n’est plus la force d’utiliser ce pouvoir qui lui a toujours fait défaut. Car il ne l’abandonnera jamais. Car il ne l’aurait jamais abandonné. Mais Gab, on ne murmure pas des voeux car si la bonne fée ne peut les entendre, elle ne peut les réaliser. Et c’est peut-être une vie lumineuse qu’il venait de manquer. Ou bien est-ce Nathaniel qui venait de louper la chance de sa vie. Qui le sait vraiment. Mais peut-être qu’ils venaient de se manquer, en une fraction de seconde, en quelques paroles, ils avaient peut-être loupé le chemin qui aurait pu se frayer avec des lettres qui avaient plus de sens pour eux que la vie elle même.

Alors, il a dansé, fronçant un peu les sourcils pour montrer qu’il n’avait pas compris, espérant qu’il répète plus fort. Mais il s’est juste mit à rire en se disant qu’il dansait, et que c’est sans doute ridicule. Il a rit un peu car il se savait bête mais qu’il s’en fichait car il était avec Gabriel. Il dansait, du moins essayait, tout en regardant un peu autours de lui avant de regarder son ami, si ce n’est plus, son meilleur ami. Danser, danser, avec lui, son coeur au même rythme que le sien car ils battent au rythme de la musique. Et il avait oublié ses filles dérangeantes car il était avec Gab.

« Alors, que devrions nous faire pour oublier ces deux pétasses, et rendre cette soirée néanmoins inoubliable? » que disait son acolyte. Lui, il ne savait pas trop, il trouvait ça bien d’être là et se noyer dans les yeux rieurs de Gabriel. Ca le rendait heureux de le voir plus heureux qu’en arrivant à la boutique. Mais, rendre cette soirée inoubliable.. C’était fort hein, comme si cette soirée pouvait surpasser toutes les autres. Peut-être que c’était lui, mais il trouvait déjà cette soirée forte en émotion, et dans l’atmosphère, là, régnait quelque chose de plus fort encore que tout ce qu’il avait pu vivre. Il ne sait pas trop quoi, mais il avait l’impression que rien ni personne ne pouvaient les vaincres. Et c’est ça qui rendait déjà cette soirée inoubliable. Cette sensation de complicité assez forte pour que Nathaniel puisse se sentir invincible au côté du faux Whitestone.

« Si jamais ça te tente, je devrais avoir moyen de me procurer de quoi nous faire planer un peu. Sauf si tu n'en as pas envie… »

A vrai dire, il ne comprenait pas trop ce qu’il voulait dire par planner.

« Euh.. Ouais.. Pourquoi pas, je te suis de toute façon ! »

Mais il a confiance en son ami, alors il ne voyait pas en quoi ça pourrait être mal. Et puis, en soit, ça n’a pas l’air d’être négatif comme terme. - Et peut-être qu’il réfléchit moins à cause de deux foutues verres. Là, actuellement, il pensait juste à s’éclater avec son pote. Alors, il n’était pour l’instant pas disposer à refuser. Et peut-être qu’il ne le sera pas tout court.

« Euh.. Ouais.. Pourquoi pas, je te suis de toute façon ! »

Comme toujours. Sans les connaître, on aurait pu croire que Nath n'était que l'ombre de son ami, le suiveur rattaché à une plus forte personnalité. Gabriel lui savait qu'il s'agissait là d'une tout autre chose car jamais le whitestone ne pourrait être lié à quelque chose d'aussi sombre, lui qui n'était que lumière. Véritable soleil, pas de celui qui de son charisme vous fait faire tout et n'importe quoi. Réconfortant, sa chaleur n'est que réconfort et bienveillance, au point que le traître croit parfois s'y brûler le bout de doigts. Néanmoins tant que du fidèle il ne brûle pas les ailes, cette amitié semble apte à perdurer. Heureusement, puisque pour lui elle est devenue nécessitée.

Décidant donc d'endiabler encore un peu cette soirée, et pousser son ami au vice comme il sait si bien le faire, sa main attrape spontanément la sienne sans lui demander son avis. Peut-être voulait-il encore danser un peu, mais cela n'était plus dans les plans du blackmorgans: son nouveau projet l’obsédait et il comptait bien trouvé un petit dealeur pour assouvir cette soif de libération dans les meilleurs délais. Le traînant donc jusqu'à un couloir de la boite bien connu pour ses échanges en tous genres, Gabriel aperçoit finalement son homme.

« Attends moi ici, je ne serais pas long. Pas bouger okay?»

Sa main vient ébouriffer les cheveux du plus jeune dans un geste affectif, avant qu'il ne lui tapote la tête pour mieux le laisser en plan. Faites que personne ne vienne encore s’immiscer à leur duo. Ou plutôt que personne ne lui pique encore Nathaniel dans son dos. Lui était bien entendu un cœur à prendre, que quiconque ayant un beau regard pouvait envoûter le temps d'un soir. Mais l'innocent garçon qui l'accompagnait avec la chance- ou la malchance- d'avoir à ses côtés un terrible geôlier qui ne comptait pas offrir à quiconque sa propriété. Intention malsaine inconsciente, elle était pourtant en son esprit, errante.

« Vous auriez de quoi faire prendre du bon temps à mon pote et moi même? J'ai de quoi payer. Grassement si ça vaut le coup. »

Voilà qui était faux et éhonté. Même si il comptait mettre le prix, ses poches étaient bien trop souvent vides, sauf bien sur quand il s'agissait de faire la fête. Par contre, payer ses frais de scolarité, des objets magiques bien utiles ou encore simplement de quoi subvenir à ses besoins, là il faisait moins le malin. Profitez de sa jeunesse était sa maxime tout autant que son abyme. Le gars lui proposa de quoi le rendre particulièrement attentif. Le choix était grand, de quoi le perdre dans la masse de mots lui qui ne cherchait qu'à tous les perdre. Finalement son choix fut fait pour une de drôles de petits bonbons venus tous droits d'un patelin inconnu à l'autre bout du monde, peut-être juste pour qu'il se taise, ou alors parce que le dealeur avait précisé que c'étai pas mal pour les débutants. Transaction effectuée, l'argent coule de ses poches comme de sa vie rêvée.

Retournant donc auprès de celui qui devait l'attendre patiemment, il lui prend le bras pour cette fois l'amener dans la tranquillité des toilettes. Même si un couple devait à priori copuler pas loin d'eux. Que ça puait le vomi et l'alcool. Que la lumière des néons étaient encore plus insupportable... Mais ils avaient de quoi rendre inoubliable une soirée dont le début chaotique et gênant pour Gabriel préférait peut-être être oublié.

« Avale-ça.»

Il tend le bras et ouvre le poing pour laisser voir la fameuse drogue. Fameuse, mais méconnue. Ils partaient sur une même base, jamais de sa vie il n'avait pris quoi que ce soit de similaire. La vie réussissait encore à le surprendre... ou pas. Téméraire, en une seconde l'un des bonbons a disparu dans sa bouche. Quels effets allaient s'ajouter à cette étrange soirée?

Il aura suffit que Gabriel prenne sa main pour calmer toutes ses incertitudes aux sujets de la situation. Il ne se pose plus de questions jusqu’à finalement arriver dans ce couloir, ou une drôle d’ambiance règne en maître. Nathaniel est inquiet. Lui qui est lâche, il a la frousse. Pourquoi ? Juste, ça n’a aucun sens… Comment planer si l’on se terre dans un couloir qui serait presque sa vision des enfers à l’heure actuelle ? Comment faire, Gabriel ? Il n’y voit rien de bon, il te craindrait presque. Mais Gabriel, c’est le nom d’un ange. Ange bafouée, mais pourtant, aussi monstrueux cet ange peut-être, Nathaniel n’y voyait que ses ailes, blanche, majestueuses, magnifiques…

Alors il attends, essayant de croiser le moins de regard. Il attends, honteux, comme un enfant qu’on vient de punir. Il ne sait pas trop, malgré qu’il apprécie Gab, il préférait partir. Il ne le sent pas. Mais dès que ça sort un peu trop de ses habitudes, Nathaniel à toujours peur. C’est ainsi. Il a vécu surprotégé, comme un papillon dans une chrysalide. Alors, quand il sort et découvre le soleil, il craint que ses ailes ne brûlent. C’est pour ça, qu’encore, et toujours, il envie les ailes de la colombe, sans savoir qu’elle n’est qu’un corbeau. Pourtant, tout le montre. Gabriel, si il se voyait, beaucoup trop à l’aise parmis les ténèbres. Mais il continue de se voiler la face. Il continue d’être aveugle. C’est ce qu’il est, Nath, il sent qu’il a peur, pourtant il y a cette envie irrépressible de le regarder encore, là où il semble être né, il l’observe et l’envie presque. Comment peut-il être aussi courageux ? Sans savoir qu’il ne l’est pas, parce que lâche il l’est aussi. Il fuit la lumière, comme toi tu fuis les ombres. Alors, sans le savoir, vous voulez vous attirez dans votre domaine, créant alors l’alchimie parfaite d’une éclipse lunaire. Belle. Inattendu, pourtant.. magnifique. Si tes ailes s'effilochent et que bientôt tu t'écrases tant ta pureté est usée, alors la frontière entre tes craintes et tes attirances finiront par s'effacer. Mais Nathaniel, tu voulais succombé pour lui, pourtant tu ne peux le concevoir. Car dans ce monde, on arrache les grains de poussières, et les papillons se meurent comme les fleurs se fanent.

Et finalement, il revient cet angelo au coeur sombre. Et l’entraîne alors dans les toilettes. Finalement, quand il pensait que les choses ne pouvaient pas être pire, alors elles le deviennent. Comment, et pourquoi ? Il avait peur d’avoir les réponses à ses questionnements. Il n’arrive même pas à parler, même pas à respirer. Tout va trop vite. Il doit avaler. Non. Non. Il comprend bien là, que c’est pas juste un bonbon, ou juste un médoc. Il doit même imaginé que c’est pire encore que ce que ça pourrait être. Il est naïf. Mais une fois ses peurs ouvertes, et sa peau à vif, alors il devient parano. Comme sa mère l’était. Il bégaye.

« J-je.. je suis pas sûr q-.. », il se tait quand il voit Gabriel avalé ce petit rien, qui pourrait rendre tout plus compliqué. Pourquoi ? Pourquoi succombé ? Il aimait se baigner dans la lumière, alors pourquoi Gab n’en faisait pas autant ? Pourquoi ce goût prononcé pour les folies dangereuses, et les routines d’enfer ? Il venait presque à regretter de l’avoir suivit, parce qu’il craignait de ne pas le suivre dans ses utopies sombres, de désirs inavouables. Il regrettait de ne pas l’avoir sauvé avant, de n’avoir jamais vu à quel point il pouvait faiblir face à ses démons. Ou alors, non.. Il n’en savait rien. Peut-être qu’il était juste un trouillard. Mais à ce moment là, il préférait en rester un. Qu’importe s’il avait bu, il était encore assez lucide pour savoir qu’il voulait rentrer. Et presque assez fou pour être en colère contre son meilleur ami. Il fronce alors les sourcils, sous la crainte, sous la peine, sous la compréhension, sous la haine ?

« Peut-être que tu devrais prendre la mienne si ça te fait plaisir de te détruire. » des mots qu’il avait précipité hors de sa bouche, presque hurler, presque pleurer. Il est tremblant et fiévreux sous la peur. Il en a trop vu. Il en a trop donné. Si il voulait que cette soirée soit inoubliable, alors elle l’était. Ses mains n’avaient jamais autant été prises de secousse, pas même le jour où il a découvert ses pouvoirs. Pas même le jour où il a découvert que sa mère était morte. Parce qu’il avait autant l’impression de perdre la tête, que de l’avoir. Parce qu’il avait l’impression de comprendre, ou bien au contraire, de ne plus rien cerné. Il voulait juste ouvrir la porte et fuir. Juste partir. Maintenant.

Car il avait déjà vécu trop longtemps enfermé.
Et que contre les paroies, les papillons se fracassent avant de crever.